« Un, Deux, Trois Musiques… » à la Cité de la musique

« Un, Deux, Trois Musiques… » à la Cité de la musique

Durant cette saison, la Cité de la musique à Paris met à l’honneur l’épopée indienne du Ramayana, un des récits les plus célèbres d’Asie du Sud-Est, d’une extrême richesse culturelle. L’école « Un, Deux, Trois Musiques… » de Sion a été choisie pour mener un projet dans ce cadre.
Nicole Coppey
« Un, Deux, Trois Musiques… » à la Cité de la musique
Photo : Céline Oreiller

« Dans le cadre des projets pédagogiques développés par la Cité de la musique et suite aux entretiens que nous avons eus, nous vous confirmons notre intention de concrétiser le projet-spectacle de l’orchestre gamelan avec votre école pédagogique d’art musical.
…Le concert final, qu’il est prévu de produire simultanément à Paris sous notre responsabilité et en Suisse sous la vôtre, témoignera de la dimension internationale et universelle de cette démarche pédagogique.
…Dans le cadre du concert éducatif ‹L’épopée du Ramayana›, théâtre d’ombres en provenance d’Indonésie, la Cité de la musique propose aux élèves de ‹Un, Deux, Trois, Musiques…› d’entrer dans l’univers du Ramayana par la pratique du gamelan et par l’initiation aux traditions des pays de l’Asie du Sud-Est ».

Lorsque le 11 juin dernier, cette lettre de la Cité de la musique de Paris m’est parvenue, j’ai été très flattée d’avoir été choisie avec mon école pour mener un projet de nature internationale d’une grande richesse culturelle. Heureuse également d’être appelée à collaborer avec la Cité de la musique, grand pôle de rencontres au niveau didactique, pédagogique et artistique.

Pour entrer dans la philosophie de la culture indonésienne, il était nécessaire de pouvoir se sensibiliser à cet univers où l’importance sociale est extrêmement forte. Selon ma philosophie, il faut vivre et ressentir les éléments. J’ai donc souhaité organiser un stage directement à Paris.

Danse, mise en scène, marionnettes… et gamelan

Un groupe d’enfants, d’adolescents et d’adultes s’est ainsi constitué et a eu l’opportunité, fin octobre, de travailler avec des spécialistes, musiciens, marionnettistes, danseurs, metteurs en scène de la Cité de la musique. Nos étudiants ont donc eu la chance d’être imprégnés dans cet univers et d’acquérir également les outils pour la préparation du spectacle. Entre autres, nous avons été sensibilisés au travail avec marionnettes de cuir du théâtre d’ombres et au jeu théâtral et chorégraphique pour un spectacle tout en couleur. Ce stage a aussi permis de travailler principalement sur le gamelan javanais.

Cet ensemble instrumental traditionnel, caractéristique de la musique et de la culture indonésienne, est composé de percussions (gongs, métallophones de bronze, xylophones, tambours), mais également de cordes frottées ou pincées, d’instruments à vent sur lequel le chant peut se rajouter. A relever qu’il a inspiré des compositeurs occidentaux comme Britten ou Debussy.

Timothée, 16 ans, ayant participé au stage nous en donne un témoignage : « il est de la musique javanaise comme de la philosophie qui la régit : pour l’appréhender à son essence, mettre en hibernation notre perception européenne des choses nous est grandement salutaire. Confiner cette musique dans le moule de notre sensibilité occidentale se révèle affreusement réducteur. Ne serait-ce que dans l’harmonie : il est inutile de s’obstiner à concevoir leurs ‹gammes› comme une gamme occidentale. L’erreur serait de tracer des parallèles entre ces deux systèmes. Ils ne s’opposent ni ne se complètent : ils sont simplement d’une autre essence. Ce sont les axiomes de la musique qui changent. Nous avons nos gammes invariables, souvent tempérées ; ils ont une multitude d’accordages (variant pour chaque village), ne le tempèrent pas, y admettent de légères variations entre les éléments d’un même gamelan. Basée sur la tradition orale, cette musique, de conception cyclique, fait la part belle à la résonance. Au sein du gamelan, cet assemblage de vibrations, mêlé au rythme perpétuel et plus sec du kenong, vous englobe et vous emporte. Et ces coups de gongs, qui ‹contiennent tout l’univers›, doux mais violents, sereins mais impressionnants, imposent leur force tranquille, à peine contenue. Là aussi, c’est la résonance qui l’emporte sur le son, une résonance que l’on écoute jusqu’à son terme, la fin d’un cycle. »

En vue du concert-spectacle qui aura lieu en Suisse en juin 2009, nous allons poursuivre nos rencontres de travail sur le gamelan de la Cité de la musique de Paris. Nous avons également établi d’autres contacts en Suisse et allons étudier la forme d’une collaboration intense et profonde, afin de répondre au mieux à l’esprit philosophique de cette culture.

 

Vous pouvez lire l'article dans la RMS 1 / 2009

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