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    Jury d'enfants - Témoignage
 

Le Jury d'enfants, créé par Nicole Coppey pour le Concours international de violon Sion-Valais, aux côtés du Jury international présidé par Maître Shlomo Mintz, a attribué son prix 2007 au violoniste   Sergey Tsoy lauréat du Prix des enfants et 2e Prix du concours international de violon 2007 qui témoigne

Prix du Jury d'enfants

Concours International de Violon Sion-Valais 2007.  Finale. Dernier mouvement du Concerto pour Violon n°1 de Chostakovitch. Des tons et demi-tons exaspérants qui grimpent jusqu’au mi en onzième position, formant un accord de dizième majeur avec un do dièse. ” Un dernier crescendo apparemment impossible et l’impression que de la fumée va s’échapper à tout instant de l’archet qui bondit dans tous les sens. Les deux dernières notes sur la corde de sol sont complètement couvertes par l’orchestre qui confirme la tonalité de la majeur. L’archet est abaissé avec soulagement, des applaudissements enthousiastes retentissent. Je relâche quelque peu mon emprise sur le violon avec l’expiration la plus profonde de la soirée – c’est terminé. En saluant, je vois le public et le Jury d’Enfants, assis derrière le Jury International. Tous m’applaudissent en souriant…

Lorsque je me suis inscrit au Concours, je me souviens avoir été agréablement surpris en apprenant qu’un Jury d’Enfants œuvrerait aux côtés du Jury International. Cela signifiait qu’il n’y aurait pas qu’une seule entité qui évaluerait les candidats, ce qui rendrait le jugement plus juste et plus objectif. Après tout, confier une telle responsabilité à des enfants et leur laisser se former leur propre opinion représentent non seulement un privilège, mais aussi un véritable engagement de leur part. Pour moi, cela garantissait surtout que l’ambiance du Concours serait différente…

En arrivant à Sion, j’ai eu l’étrange sensation que je connaissais déjà cet endroit, bien que rien ne m’était familier. Je me suis installé dans ma chambre et j’ai regardé l’horaire du Concours, impatient de commencer les répétitions – que des choses normales, somme toute. Je me souviens à quel point je me réjouissais de rencontrer le Jury d’Enfants : ces jeunes à qui l’on avait donné des privilèges d’adultes à un concours international. Qui étaient-ils ? A quoi ressembleraient-ils ?

Le Concours ! A la cérémonie d’ouverture, les visages souriants des Enfants du Jury, tous vêtus de pulls blancs, était une vision apaisante à côté des silhouettes imposantes des membres du Jury International, calmes mais sérieux. Les candidats avaient l’interdiction de communiquer avec les membres des deux jurys jusqu’à la fin du Concours. Pendant les deux éliminatoires et la finale, la nervosité et l’excitation se mêlaient sans cesse, mais il m’était de plus en plus facile de jouer. Je me rappelle clairement que, chaque fois que j’entrais sur scène, je regardais les visages curieux de mes jeunes juges, qui m’encourageaient et rendaient les choses plus simples. J’ai été à la fois étonné et impressionné de voir que les candidats qu’ils avaient choisis étaient les mêmes que ceux sélectionnés par le Jury International.

Lors de la proclamation finale des résultats, j’ai été très surpris d’avoir gagné le deuxième prix, mais j’ai été encore plus touché que les Enfants m’aient attribué leur voix. Ce que cela signifiait pour moi ? Je considère que l’essence même de la vie réside dans sa pureté, que tous les enfants possèdent si naturellement, si merveilleusement et si intensément et qu’ils partagent sans rien attendre en retour. En fait, ils représentent l’espoir d’un avenir meilleur et nous offrent leur innocence, leurs rires et leur bonté infinie comme autant de précieux cadeaux. Cela explique pourquoi la décision du Jury d’Enfants m’a autant ému : en m’attribuant leur Prix, ils m’indiquaient qu’ils avaient ressenti quelque chose d’honnête et de pur dans mon jeu. Sans aucun doute, il s’agissait là d’un honneur et d’une preuve sincère d’affection et d’espoir.

Après les résultats, j’ai réfléchi et me suis dit que tous les concours devraient peut-être envisager la création d’un Jury d’Enfants œuvrant indépendamment. Cela ne donnerait pas seulement confiance aux candidats, mais ferait souffler un vent de fraîcheur et d’objectivité sur l’évaluation de leur jeu. Mes pensées ont soudainement été interrompues par les rires des enfants, qui m’ont ramené sur la terrasse du café où je me trouvais en leur compagnie. Alors que la fraîcheur de la nuit commençait à se faire sentir et comme je ne comprenais pas un mot de français, je me suis senti agréablement épuisé en réalisant que le Concours était bel et bien terminé.

Enfin, je me souviens avoir admiré les Alpes, fières et magnifiques, respiré l’air frais et bu l’eau pure des montagnes, apprécié le charme discret d’une petite ville européenne mêlant architecture ancienne et boutiques modernes, croisé des gens souriants dans les rues, entendu les carillons réconfortants des églises et écouté le murmure des arbres au lever du jour, lorsque la brise amenait avec elle une myriade de senteurs d’été… Je me souviens aussi avoir passé une belle journée avec une famille adorable dans le petit paradis de Crans Montana, vécu des rêves ensoleillés sur les terrasses en savourant une tasse de café délicieux et m’être laissé emporter dans le monde mystérieux des ombres de la nuit, sous un ciel d’été étoilé qui m’entraînait dans un voyage magique loin, très loin, et me faisait disparaître dans l’infini… Voilà les souvenirs que je garderai du Concours International de Violon Sion-Valais 2007, où je ne m’attendais sincèrement pas à avoir l’honneur d’arriver en finale et de recevoir ces prix. Je les ai acceptés avec humilité, gratitude et responsabilité, mais le plus important d’entre eux restera toujours le Prix du Jury d’Enfants.

Je pense souvent à Sion et me sens privilégié d’avoir eu l’opportunité d’apprendre à combiner le plaisir de jouer avec la pression d’un concours. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes fantastiques, qu’il s’agisse de gens venant de cette belle ville ou d’autres candidats avec qui je suis devenu ami. Le Concours est désormais derrière moi, mais les souvenirs resteront et je les garderai toujours précieusement dans mon cœur !

Sergey Tsoy

 

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