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Concert d’ouverture du Festival de Sion-Valais

Une conception artistique globale avec de jeunes artistes

Lorsque Shlomo Mintz, directeur artistique du Festival et Concours International Sion-Valais, lui confia la conception et la programmation artistique ainsi que le choix des musiciens du concert d’ouverture du 15 août dernier, Nicole Coppey a été ravie de pouvoir disposer de cette part de liberté pour créer un concept artistique en ouverture d'un Festival international.

Compte rendu de sa démarche.

par Nicole Coppey

Traduction

Salut d'Amour interprété par les jeunes musiciens, avec en arrière fond l'oeuvre peinte pour la circonstance.   

 

Ce concert était le troisième projet développé avec Shlomo Mintz et consacré à la jeunesse. Il faisait suite au Jury d’enfants appelé à juger les candidats de haut niveau du concours aux côtés du Jury international. Expérimenté avec succès en première mondiale en 2003 et renouvelé pour la cinquième année, le Jury d’enfants constitue désormais une des particularités du Concours international de violon de Sion.

Le deuxième projet vit la création des Ateliers de Culture Musicale et Artistique proposant que « les jeunes transmettent au public leurs connaissances et leurs recherches ». Ces ateliers, portés par de jeunes musiciens débouchent sur des présentations avant-concerts, pour accompagner la programmation musicale du Festival.

 

Pour chacun de ces trois projets regroupant des jeunes, il m’a semblé impératif de laisser s’exprimer la voix du cœur... Dans toute action pédagogique d’ailleurs, il reste fondamental que chacun apporte ce qu’il est, vraiment... et cette philosophie nécessite la création d’un climat propice à l’expression de la personne et du sens artistique.

 

Pour ce concert d’ouverture de Festival international, j’ai donc recherché une interdisciplinarité artistique en y associant poésie, danse, peinture, chant, scène... afin de créer un effet miroir entre artistes. Le caractère expressif de chaque art a ainsi mis en évidence la dimension festive de l'événement et a aussi profondément incité à la réflexion intérieure dans un lieu chargé de sens : l’Eglise baroque des Jésuites de Sion, située sur une élévation au cœur de la vieille ville. Lorsque les éléments artistiques se rencontrent, il faut les mettre en vibration... et les relier par un fil conducteur, en une architecture conceptuelle... Ecouter, voir, sentir dans une énergie, une dynamique, une intensité...

 

Un concert conçu selon un cheminement progressif

 

Musique

Pour ce concert spécial ouverture avec des jeunes, j’ai choisi les 8 musiciens entre 14 et 23 ans, violonistes, altistes, violoncellistes et pianistes. Comme signe d’ouverture et de lien avec le concours international, j’ai également désiré inviter la lauréate du deuxième grand prix et du prix du Jury d’enfants du concours 2005... clin d’œil à l’universalité de la musique, au-delà des frontières... Neuf  musiciens de niveaux différents, pour la plupart encore écoliers, regroupés pour l'occasion en divers ensembles. Duos, trios, quatuors, quintettes, sont amenés progressivement sur scène jusqu’aux pièces les réunissant tous. Pour le répertoire, les suggestions de chacun d’eux m'ont servi de point de départ à une conception dynamique globale pouvant interagir avec les autres arts.

 

Poésie

En fixant le répertoire, l’idée du thème m’a été inspirée par une pièce interprétée par tous les musiciens : le « Salut d’Amour » de Elgar auquel nous voulions faire un hommage pour le 150e anniversaire. Les poèmes provenant de différentes cultures et s’exprimant en différentes langues ont été choisis en fonction du thème, avec des auteurs forts dans chaque culture, ceci afin que chacun dans le public reçoive une pensée personnelle. Échanges furtifs lancés vers un public international regroupant entre autre les professeurs du jury du concours de violon ainsi que les candidats venus du monde entier. La déclamation des poèmes fut confiée à deux jeunes qui les transposèrent dans un jeu subtil avec l'espace scénique. A leurs côtés, quelques enfants plus jeunes jouaient les figurants et rappelaient le lien continu vers les générations suivantes.

 

Danse

Pour la danse, ne désirant en aucun cas qu’un adulte s’empare de cette partie et fausse l’expression, j’ai demandé à la jeune danseuse de 12 ans de créer sa propre chorégraphie sur quelques moments de musique joués par des interprètes ayant déjà l’habitude de travailler en interdisciplinarité. La consigne était d'intégrer une touche expressive corporelle sans passer au-dessus de la musique.

 

Peinture

Pour la peinture, une couleur par atmosphère a été attribuée, en rapport à chaque poème. Une œuvre peinte sur verre, symbole de fragilité illustrait le thème, le choix du verre reprenant également le lien avec le thème. Pendant le concert, le public a pu découvrir progressivement l’œuvre selon les couleurs des poèmes. A chaque couleur se rajoutait une fleur, avec sa symbolique correspondante. A sa découverte totale, à la fin du concert, l’œuvre se retrouva dans un contexte fleuri et illuminé.

 

Chant

L’aboutissement du thème fut souligné tout spécialement par une voix d’enfant pure et authentique. Voix du cœur sur une pièce chantée a capella par une fillette de dix ans dans une langue étrangère à laquelle elle s'était familiarisée pour l'événement.

 

A relever que l'oeuvre et tout le projet artistique ont été accueillis avec
enthousiasme par un public très large, composé de professionnels de très
haut niveau et d'inconditionnels de musique classique bien sûr, mais également et c'est là la force du projet, de personnes de tout âge et de toute propension, venus découvrir ou accompagner une connaissance, ou d'observateurs et de curieux, que la formule choisie a interpellés et décloisonné. "Un pur moment de bonheur", "émue aux larmes d'entendre cette magnifique jeunesse" "excellent concert" pouvait-on recueillir comme
commentaire après le concert. Joie, partage, et émotions profondes sur les visages, à l'image du témoignage d'un professeur du Jury international qui est venu me confier en avoir pleuré d'émotion.
 

Un projet aussi riche que celui-là permet à chaque artiste d’apporter son expression personnelle dans sa matière, fruit d’une démarche artistique, approfondissement des rencontres et des échanges, véritable action culturelle. Dans ce cheminement, je tiens à remercier Shlomo Mintz de m’avoir laissé la part de liberté nécessaire pour réaliser ce concept global réunissant une vingtaine d’artistes et des expressions oh combien complémentaires, en espérant avoir touché au plus profond de l’âme de chacun...
 

Vous pouvez lire l'article dans la RMS 9 / 2007

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